Suite à ma spécialisation en architecture de terre crue à Grenoble, j’ai rejoins pendant un mois ma collègue Rosie Paul, co-gérante de l’agence Masonsink à Bengalore en Inde. À l’occasion de cette visite, nous avons organisé avec son agence Masonsink, un workshop autour du pisé, technique de construction en terre crue présente très largement en France et dans certaines régions de l’Inde.
Ce fut l’occasion de réaliser une conférence montrant les différences et liens entre le contexte indien et le contexte français en terme de construction, notamment le rapport coût de main d’œuvre et matière qui est inversé entre ces deux pays. En Inde, la construction en terre est vue comme l’habitat du pauvre, car c’est une matière très peu chère et la main d’oeuvre également. En France aujourd’hui, la construction en terre se renouvelle, mais la main d’œuvre coûte très cher, le pisé est donc aujourd’hui présente dans des projets à gros budget et dans des programmes publics.
L’autre aspect intéressant est le rapport entre l’utilisation de la terre et le climat, en effet dans les pays chauds et humides comme l’Inde, la terre est particulièrement pertinente, car elle permet, grâce à l’inertie de conserver la fraicheur dans l’habitat et de réguler l’hygrométrie du logement. En France, avec un climat plus tempéré et des exigences de confort croissantes, la terre ne suffit plus, il faut généralement l’isoler afin d’apporter un confort thermique suffisant. Or, l’isolation de la terre doit se faire avec précautions afin de conserver ses qualités d’inertie et ne pas empêcher la matière de respirer.
Suite à cette conférence nous avons réalisé un pot de fleur cubique en pisé lors d’un workshop sur deux jours, afin de familiariser les professionnels de la construction avec cette technique. Ce pot accueillera ensuite un arbre pour fleurir le jardin. La terre est un très bel élément de mobilier extérieur, car elle paraît continuer les strates du sol et gardera l’humidité nécessaire à ce que la plante survive.